1792, la France en Révolution !

Le 20 avril 1792, la guerre éclatait entre la France révolutionnaire et l'Autriche. Cependant que la Prusse stait rangée aux côtés de son nouvel allier, 42000 hommes commandés par le duc de Brunswick se dirigeaient vers la Lorraine. Le 8 août 1792, Goethe, âgé de quarante-trois ans, suivait le duc de Saxe-Weimar qui voulait combattre auprès du Roi de Prusse. En partant, il traversa Francfort où il revit sa mère qu'il n'avait pas rencontrée depuis treize ans.

C'était un grand sacrifice pour Goethe que de suivre son souverain sur les champs de bataille. De s'éloigner de Christiane Vulpius, et surtout de son petit Auguste qu'il chérissait, fut un véritable déchirement. Il avait horreur de la guerre comme des révolutions, et le spectacle de la violence et de la brutalité lui était odieux. Mais le respect de la hiérarchie lui refusait la désobéissance envers le duc Charles-Auguste.

Voilà donc notre écrivain, si pacifique de nature, engagé malgré lui dans une aventure de guerre que désormais nous allons suivre avec lui jusqu’au bout, et en connaître toutes les misères et tous les mécomptes. On ne sait trop à vrai dire ce que son duc attendait de lui en l'appelant à ses côtés. Était-ce simplement par égoïsme de grand seigneur qui ne se passe pas volontiers de son familier le plus intime ? Ou escomptait-il sur une campagne rapide et glorieuse et avoir sous la main un historiographe qui en dirait les hauts faits ? Louis XIV n'avait-il pas jadis emmené dans ses campagnes Racine et Boileau ?


Quoiqu'il en soit, Goethe semble n'avoir joué aucun rôle actif dans l'aventure. Il fut simple spectateur, libre de ses mouvements. Le Roi l'ignore peu ou prou, et le duc de Brunswick lui adresse rarement la parole. Goethe donnait des impressions qui n'avaient rien d'historiques, au sens scientifique du mot. Ce sont les impressions d'un homme dont l’œil était exercé à voir et à bien voir : « je vois d'un œil qui touche, je touche d'une main qui voit ».

 

Extrait du livre "Goethe jusqu'à Valmy" - par Mme Lucienne MOURLET, éditions Marqu'Argonne

L'Europe divisée en ses grands Etats 1759